Sortie sur l’album Distortion le 15 janvier 2008 (Nonesuch Records)
Avec la deuxième piste de l’album Distortion paru en 2008, The Magnetic Fields s’assure la sympathie d’un certain nombre de publics particuliers. California Girls (non, il n’y a pas que les Beach Boys dans la vie) s’adresse aux personnes en difficulté pondérale, aux couples qui doivent faire un "choix" entre payer la voiture et refaire le nez de madame, aux ménagères aux cheveux gris qui pleurent les joues roses de leur 20 ans. Stephin Merritt, l’Auteur du texte interprété par Shirley Simms, collaboratrice du groupe de la côte Est, se fait ici le prophète des oubliés, le guide spirituel des gens complexés, en grattant, vraiment fort, le vernis des filles de Californie.
Tel un super héros, Stephin Merritt avec le support vocal de Shirley, rôde au-dessus de Los Angeles et se fait une joie de massacrer, le mot est faible, la beauté juvénile de ces petites pestes à la peau trop bronzée pour être naturelle.
See them on their big bright screen
Tan and blonde and seventeen
Eating nonfood keeps them mean
But they’re young forever
[...]
I hate California girls
[...]
Article paru le 14 juillet 2009 sur Inside Rock
Voici
un message qui a le mérite d’être clair : il les déteste. Avec la voix
haut perchée de Shirley, officiellement inspirée par les salissures voulues des
bandes de Psychocandy (1985) de The Jesus and Mary Chain, notre Super
Stephin vise et tire à boulets rouges sur tout ce qui remue un peu trop son
booty sur la plage de Santa Monica. Il ne craint rien, et dénonce les usages
douteux que font ces demoiselles de coupe-faims illégaux, ce qui peut avoir
pour conséquence de tomber dans l’oreille d’un narcotrafiquant, qui placera un
contrat sur sa tête de chanteur engagé, mais Stephin Merritt, ce n’est pas Bob
Dylan, alors du calme. Leur différence : l’un a de l’humour, l’autre, moins.
They
breathe coke and have affairs
with
each passing rock star
[...]
I hate California girls
Super
Stephin est lancé, la rage monte et les dents grincent (à condition de ne pas
être passé chez l’orthodentiste). Il ne fait pas bon être une Paris H***** sur
le chemin de cet auteur reconnu pour ses saillies drôles et ses rafales de mots
ironiques (même Trent Reznor est fan [voir explications ne bas d'article] ). Lisons.
So
I
have planned my grand attacks
I
will stand behind their backs
with
my brand-new battle ax
Then
they will they taste my wrath
They
will hear me say
as
the pavement whirls
« I hate California girls... »
Merritt
s’acharne sur ses victimes en faisant répéter ses trois dernières lignes
presque dix fois à Shirley. On ne s’en lasse pas.
Ce
bonhomme n’est pas un musicien comme les autres. Vrai bon groupe américain, The
Magnetic Fields joue avec les codes et sert des albums loins de la nécessité du
prêt à écouter. Avec Distortion, son huitième album, The Magnetic Fields
poursuit son projet de livrer des oeuvres sans synthetiseurs (le premier album
de cette trilogie étant i, sorti en 2004, dont le titre de chaque chanson
commence par la lettre i) et la patine noise de Distorsion est bienvenue
dans un paysage parfois un brin surproduit.
La
particularité de Magnetic Fields sont ses textes, hilarants, drôles.
D’ailleurs, lors d’un entretien au Village Voice en octobre
2008, Stephin Merritt s’explique davantage sur son penchant pour peindre des
portraits ravageurs et ironiques que sur la généalogie du disque ou du groupe.
Là aussi, l’homme déplace à peine le curseur pour laisser apprécier le second
degré de son art. Mais sa maman ne comprend pas, dit-il.
Admirons !
Il suffit de lire les commentaires qu’il
adjoint aux pistes en streaming qu’il compile sur le site blip.fm. Cliquer là)
[...]
Article paru le 14 juillet 2009 sur Inside Rock
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